You are currently viewing Les banques doivent améliorer le dispositif de gestion des débiteurs en difficulté dans le COVID-19
Diminishing stacks of coins with COVID-19 (Coronavirus disease) written on them

Les banques doivent améliorer le dispositif de gestion des débiteurs en difficulté dans le COVID-19

Evelyne Ngntoue, 28/05/2021

1. Le contexte

La pandémie de COVID-19 a perturbé les économies européennes, augmentant la vulnérabilité du
système financier. Les autorités de contrôle, les régulateurs et les gouvernements ont réagi rapidement
pour limiter l’impact pro cyclique de cette crise et garantir aux banques l’accès à des ressources
supplémentaires qui doivent être utilisées pour fournir un soutien financier plus important aux
emprunteurs.


La BCE souhaite clarifier ses attentes opérationnelles en ce qui concerne la gestion de la qualité des
portefeuilles de prêts afin que les institutions importantes puissent mieux fournir ce soutien financier aux
entreprises viables qui sont ou pourraient être en difficulté en raison de la pandémie.


Ainsi, une lettre de la BCE à destination des différents directeurs généraux des banques a été publiée en
juillet 2020 à cet effet. Étant donné le fait que le contexte général ait peu évolué depuis Juillet 2020, il
convient encore aujourd’hui de rappeler les bonnes pratiques énoncées dans cette lettre.

2. Amélioration de la capacité des banques à soutenir les
entreprises en difficulté tout en respectant un cadre prudent
de gestion du risque de crédit

2.1. Besoin de trouver le juste milieu entre soutien de
l’économie et augmentation du risque de crédit

Lorsqu’elles soutiennent des entreprises viables en difficulté, les banques doivent pouvoir le faire en
temps opportun. Cela exige des institutions importantes qu’elles mettent en place des pratiques efficaces
de gestion des risques pour identifier, évaluer et mettre en œuvre des solutions qui peuvent soutenir le
mieux possible ces entreprises tout en se limitant le risque de crédit pris.

2.2. Besoin d’éviter les effets de seuil liés à la fin des mesures
de soutien à l’économie dont les moratoires

Lorsqu’elles soutiennent des entreprises viables en difficulté, les banques doivent pouvoir le faire en
Les institutions importantes doivent prendre des mesures en temps opportun pour minimiser les effets de
seuil lorsque les mesures de moratoire commencent à expirer. En effet, dans le cadre de la réponse à la
pandémie, un grand nombre d’emprunteurs ont bénéficié d’une flexibilité à court terme grâce à diverses
mesures qui ont principalement suspendu ou différé les paiements.
Il est essentiel que les établissements importants identifient de manière proactive les emprunteurs
potentiellement en difficulté et mettent en œuvre des solutions en collaboration avec les clients avant
l’expiration de ces mesures. Ceci permettra d’éviter des impacts négatifs importants sur les portefeuilles
de prêts des banques.

2.3. Besoin d’améliorer la compréhension par la banque des
risques pris et d’ajuster la stratégie en conséquence

Les établissements importants doivent avoir une compréhension claire des risques auxquels ils sont
confrontés et concevoir une stratégie appropriée, axée à la fois sur le court et le moyen terme, pour
garantir que les solutions apportées aux débiteurs en difficulté sont viables.
Cette stratégie doit également garantir que les arriérés sont gérés en temps opportun limitant l’impact sur
les bilans des banques et l’économie dans son ensemble.

3. Feuille de route de gestion active du risque de crédit en
période COVID-19

3.1. Une nécessaire amélioration des ressources informatiques
mises à disposition

Les institutions importantes doivent disposer des ressources et des systèmes informatiques appropriés
pour gérer les risques. Au niveau de base, elles doivent être en mesure d’identifier facilement les
emprunteurs dont la solidité financière a été affectée par la pandémie COVID-19 et ceux qui ont bénéficié
de diverses mesures de soutien public et privé.


Les systèmes informatiques doivent donc être adaptés pour permettre aux banques d’identifier, d’évaluer
et de suivre de manière efficace et globale les risques intrinsèques à cette crise.
Les systèmes informatiques doivent également permettre la mise en place de reporting rapide et fiable
sur des prêts et des portefeuilles en fonction des critères de risque et d’activité les plus pertinents.

3.2. Intégration dans les reportings des indicateurs d’alertes
précoces

Les établissements importants doivent avoir une compréhension claire des risques auxquels ils sont
confronLes reportings à mettre en place doivent :
– être suffisamment détaillés
– fournir des indicateurs d’alertes précoces
– fournir des projections de la manière dont ce risque affectera la banque à court et moyen terme


Un ensemble de reportings solide et un système d’alerte précoce adéquat aideront la direction à prendre
des décisions stratégiques cruciales sur la base d’informations plus détaillées et plus précises. La liste
des reportings doit être mise à jour régulièrement.

3.3. Une segmentation de la clientèle plus granulaire afin de
mieux identifier les groupes à risque

La segmentation granulaire du portefeuille permet aux banques de regrouper des emprunteurs
présentant des caractéristiques similaires et nécessitant un traitement similaire. Des processus
personnalisés peuvent ensuite être conçus pour chaque segment, avec des équipes d’experts dédiées à
la gestion du risque. La segmentation facilite également un suivi et un reporting efficaces. Les institutions
importantes doivent donc segmenter entièrement leurs portefeuilles à un niveau granulaire afin d’identifier
les secteurs les plus vulnérables à la crise actuelle. Au sein de ces secteurs, les institutions importantes
doivent également segmenter leurs portefeuilles, par exemple pour identifier les emprunteurs viables et
ceux qui ne le sont pas.

3.4. Une nécessaire adaptation de la stratégie en fonction du
niveau effectif de NPL

Les institutions importantes doivent adapter leurs stratégies en fonction des leçons tirées des
segmentations plus granulaires. Cette stratégie doit être globale afin de prendre en compte tous les
risques auxquels elles sont confrontées en raison de cette pandémie. La stratégie doit être axée à la fois
sur le court et le moyen terme et inclure une gamme de solutions pouvant être appliquées en fonction à la
fois de la situation de l’emprunteur et de l’appétit pour le risque de l’institution. La mise en œuvre de la
stratégie et des solutions associées doit être surveillée et testée pour s’assurer que ces dernières sont
efficaces et réalistes.

3.5. Amélioration de la capacité opérationnelle et de
l’expertise au sein de la banque

Les banques doivent améliorer leur dispositif de gestion précoce des arriérés et du niveau d’endettement
des emprunteurs. Ceci est essentiel pour limiter l’impact sur l’ensemble du  portefeuille de la dégradation
du niveau de risque. Cette démarche doit être mise en œuvre depuis l’octroi de nouveaux crédits à la
clôture de certains dossiers, en passant par les cas de restructurations en urgence de créances. Cette
stratégie doit être implémentée de manière efficace pour permettre une action en temps opportun.


Les institutions importantes doivent consacrer des ressources suffisantes et une expertise adéquate
proportionnellement au niveau de risque attendu. Ces éléments fondamentaux de la gestion des risques
doivent être évalués en permanence et adaptés en fonction de l’évolution du risque dans les portefeuilles
des institutions importantes.

3.6. Une gestion de la crise facilitée par la coopération active
entre les banques et les autorités de supervision

Les équipes de supervision engageront des discussions plus détaillées avec les institutions importantes
dans les mois à venir afin d’évaluer leurs pratiques de gestion des risques. Cette lettre de la BCE vise à
clarifier la manière dont la qualité des portefeuilles de prêts doit être gérée dans le contexte spécifique de
la COVID-19 et de rappeler aux institutions importantes de suivre les exigences réglementaires
applicables concernant les pratiques de gestion des risques.

Le  contenu de cette lettre doit être discuté au sein du  conseil d’administration de chaque institution
importante.

4. Références

https://www.bankingsupervision.europa.eu/press/letterstobanks/shared/pdf/2020/ssm.2020_letter_on_operational_capacity_in_the_context_of_the_coronavirus_COVID_19_pandemic.en.pdf?8c704a1db950170fcb31515c68e613cf

Laisser un commentaire